Info 30
ANNULATION DU GESTIVAL 2025
La 4ème édition du GESTIVAL, festival culturel bilingue en Langue des Signes Française (LSF) et français devait se dérouler les 29 30 et 31 mai prochain à Arras.
On parle de son annulation avec Christian Beugnet, président, et Frédéric Flament, trésorier, de l'association SIGN'Up.
Ils sont accompagnés en studio par David Lobry (Interprète en Langue des Signes Française). C'est d'ailleurs la voix de ce dernier que vous aller entendre puisqu'il va assurer la traduction des réponses de Frédéric et Christian à mes questions, de la LSF vers le français. On en profite également pour aborder quelques notions culturelles autour de la surdité et de la Langue des Signes Française (LSF).
TRANSCRIPTION DU SUJET
*Musique* (10sec) Dominique Dalcan - Run Around The Block
Laura (PFM) : La quatrième édition du Gestival, festival culturel bilingue en Langue des Signes Française (LSF) et français, devait se dérouler les 29, 30 et 31 mai prochains à Arras. Elle devait. En effet, pour diverses raisons, les organisateurs sont contraints d'annuler le Gestival.
On en parle avec Christian Beugnet, président, et Frédéric Flamand, trésorier de l'association Sign’up.
Ils sont accompagnés en studio par David Lobry, interprète en Langue des Signes Française. C'est d'ailleurs la voix de ce dernier que vous allez entendre, puisqu'il va assurer la traduction des réponses de Frédéric et Christian à mes questions, de la LSF vers le français.
On en profite également pour aborder quelques notions culturelles autour de la surdité et de la Langue des Signes Française (LSF).
*Musique* (5 sec) Dominique Dalcan - Run Around The Block
Christian : L'association Sign’up, c'est une association culturelle d'événements multiples, variés, notamment en lien avec la Langue des Signes et aussi avec des cafés signes et l'organisation du Gestival, qui était normalement à la quatrième édition. C'était une biennale.
Laura (PFM) : Juste avant de parler de ce festival, un petit retour en arrière : l'association Sign’up a tout juste un an, c'est ça ? Juste avant, c'était l'association Trèfle.
Frédéric : Oui. En fait, avant, c'était l'association Trèfle, depuis 1999, et donc jusqu'à l'année dernière. Elle a changé de nom, et est devenue l'association Sign’up, en 2024.
Donc avant, Trèfle, c'était une association culturelle et un centre de formation. Maintenant, on a arrêté tout ce qui était centre de formation pour devenir une association uniquement culturelle.
Laura (PFM) : On va utiliser des mots dans cette interview et on trouvait très important aussi d'insister sur ces derniers. Par exemple, de bien préciser qu'on dit Langue des Signes et non pas « langage des signes » ou « langue des sourds » ou « langage des sourds » comme on peut le voir écrit ou l'entendre des fois. Aussi, qu'on ne dit pas sourd et muet, par exemple, parce qu'une personne sourde n'est pas forcément muette.
Frédéric : Alors, ça dépend. Moi, je ne peux pas parler. Je n'utilise que la Langue des Signes pour m'exprimer. Après, en face de moi, il y a l'interprète qui retranscrit par la voix. C'est ma voix, en fait, pour tout ce que je veux exprimer de façon vocale.
Laura (PFM) : A l'origine, on devait se voir pour parler du Gestival qui devait avoir lieu cette année, les 29, 30 et 31 mai 2025. Malheureusement, le festival est annulé.
Frédéric : Oui, malheureusement, c'est annulé. C'est une grande tristesse pour nous. On est vraiment désolés de ça. C'est une situation qui est très sensible, qui est très difficile.
On a eu peu d'inscriptions pour le festival. On a eu peu de subventions. Donc, du coup, le Conseil d’Administration (CA) a décidé d'arrêter, de ne pas faire cette édition.
Laura (PFM) : Alors ce festival, c'est un festival bilingue en français et Langue des Signes Française.
Frédéric : C'était ouvert à tous, ce n'est pas juste pour les sourds. C'est aussi pour les entendants. C'est ouvert à tout le monde, même les personnes qui ne connaissent pas la LSF sont les bienvenus. Il y a toujours les interprètes qui sont présents pour faire découvrir la Langue des Signes et la culture sourde, pour faire plonger les entendants dans ce monde de la surdité.
Par exemple, il y avait des conférences de prévu avec des auteurs sourds qui font des recherches. Ils voulaient diffuser des informations auprès de leur public, donc des personnes sourdes. Ils voulaient aussi des interprètes pour que les entendants aient aussi accès à ces informations : connaître la communauté sourde, comment ça se passe, le parcours des personnes, comment vivent les personnes sourdes dans la société. Bref, une accessibilité, une compréhension, une information pour tous les publics.
Et il y a eu aussi des choses qui étaient prévues comme des spectacles avec des artistes sourds, des comédiens sourds, avec des spectacles qui auraient été aussi avec des interprètes. Des interprètes qui permettent un pont, une passerelle pour que ces spectacles soient bilingues.
Il y avait aussi des spectacles off, des spectacles de cirque, des spectacles visuels, sans parole, pour que les enfants, les entendants, les sourds, chacun puisse participer et comprendre par le fait de la gestuelle, par du mime, etc., sans avoir besoin, soit du français, soit de la Langue des Signes.
Et on avait prévu aussi des stands avec des artistes qui produisent des bijoux, qui écrivent des livres, des écrivains sourds, et aussi d'autres choses. D'autres structures, comme les pompiers, avaient prévu de venir. Voilà, on avait prévu plein de choses et le programme était très, très riche au niveau culturel.
Laura (PFM) : Avec même des têtes d’affiche comme Emmanuelle Laborit.
Frédéric : Oui, tout à fait. Emmanuelle Laborit devait venir… et Simon Attia. Des personnes très importantes de la communauté sourde devaient être présentes pendant les trois jours. C'était important pour nous. Victor Abbou, qui a travaillé dans plusieurs films voulait présenter plusieurs courts-métrages auxquels il avait participés. Normalement, il y avait sept petits films qui devaient être présentés le jeudi et le vendredi.
Emmanuelle Laborit devait venir le vendredi soir. Le samedi, il devait y avoir le spectacle “2080 : qui a tué la langue des signes ?” pour l'éradication de la langue des signes, l'inclusion des enfants sourds et l'exclusion des centres spécialisés, pour voir si la Langue des Signes allait disparaître. C'était un spectacle aussi qui devait montrer ça.
Laura (PFM) : On peut parler un petit peu des raisons qui ont contraint à annuler le festival ?
Frédéric : Alors pourquoi en fait cette annulation ? C'est notamment l'aspect financier. On a fait plein de choses. D’abord, on a remonté nos manches.
Il y a tout ce qui est le fonctionnement de l'association, après les fonds publics et puis aussi les fonds des gens qui vont s'inscrire.
Ce sont les trois piliers pour que fonctionne une association. Actuellement en fait, il y a un pilier qui est là mais les deux autres piliers ne suivent pas.
Du coup c'est très compliqué de pouvoir proposer ce festival. Parce que les politiques changent, les financements ne suivent plus. Il y a des financements qui sont promis et qui finalement n'arrivent pas donc, du coup, c'est compliqué.
C'est un grand souci pour nous, c'est pas simple à gérer parce que les artistes sourds qui sont là, bah ils ont aussi besoin des réalisateurs, des comédiens, des conférenciers.
Il y a plein de personnes sourdes qui sont là et qui sont talentueuses comme les entendants.
Et les entendants ne les voient pas, en fait, ces personnes. Et donc nous voulions les mettre en lumière par le biais du Gestival. Alors bien sûr, ça demande aussi des finances, des aides pour pouvoir faire venir ces personnes pour qu'elles puissent se produire etc.
Et ce n'est pas évident. C'est que là merci par exemple à la ville d'Arras qui nous a soutenus, ça c'est bien. Mais c'est que les autres subventions on n'en a pas donc c'est compliqué quoi. Donc du coup on ne peut pas attendre non plus de savoir si on les aura ou pas. C'est pour ça qu'on n'a pas pu continuer.
Laura (PFM) : On a bien précisé Langue des Signes Française parce qu'elle n'est pas universelle.
Christian : Tout à fait, c'est une langue vivante, c'est comme l'anglais, l'allemand, l'italien, le canadien, l'américain, c'est une langue comme une autre.
Laura (PFM) : D'ailleurs, il y avait une conférence prévue anciens signes et signes actuels.
Frédéric : Normalement, il y a des personnes âgées, qui ont leur propre langue des signes.
Ce n'est pas un code, mais c'est une vraie langue des signes. Voilà, c'est leur langue maternelle. La LSF a des signes anciens. ll y a des signes maintenant qui ont évolué, parce que c'est une langue vivante.
Bon, moi, je connais des signes anciens, des signes récents.
Et donc, du coup, les publics se confrontent, les publics se rencontrent. Et du coup, on échange aussi des signes. On voit comment la Langue des Signes évolue.
Comme aujourd'hui, les jeunes utilisent de nouveaux mots. Voilà, il y a des néologismes et tout. Eh bien, en LSF, c'est pareil. Il y a des nouveaux signes qui apparaissent par les jeunes, par les médias, etc.
Laura (PFM) : Historiquement, la LSF a été interdite pendant près de 100 ans. Du coup, les gens signaient un petit peu cachés, est-ce que ça a créé des argots ?
Frédéric : Oui, il y a eu une période, en 1880, il y a eu un congrès à Milan qui a interdit la diffusion de la Langue des Signes, surtout dans les écoles.
Les enfants ne pouvaient pas signer, il fallait utiliser la parole, il fallait utiliser la voix, il y avait de l'orthophonie, c'était la remédiation, on ne pouvait vraiment pas utiliser la LSF.
La Langue des Signes a toujours été présente, mais en cachette.
Laura (PFM) : Si je dis ça aussi, c'est parce que la LSF est devenue très importante et pourtant elle n'est pas encore reconnue comme langue officielle.
Christian : Oui, alors en fait, il y a des lois, mais ce n'est pas inscrit dans la Constitution de la République française.
Et c'est vrai que les sourds se battent pour que ce soit la deuxième langue de la République. Parce qu'il y a des décrets sur l'éducation, mais c'est un peu léger.
Ce n'est pas encore une vraie reconnaissance. Comme par exemple le breton ou le corse qui sont des langues aussi qui ont du mal à se diffuser.
La langue des signes française, c'est une langue importante aussi qu'elle soit reconnue,
qu'on peut voir à la télévision, quand on voit les interprètes dans les médaillons, aux informations.
Surtout depuis le Covid, de plus en plus, la langue des signes, heureusement, est diffusée. Avant, c'était très peu le cas.
Maintenant, ça évolue, ça progresse. Il y a un peu l'éveil des consciences.
Moi, quand j'étais petit, je regardais la télévision, il n'y avait jamais d'interprète à la télévision.
Laura (PFM) : Puisqu'on parle d'accessibilité, à l'intérieur du programme du Gestival, il y avait aussi une conférence sur le patrimoine et une visite guidée aussi du Beffroi en LSF. Donc c'est hyper important aussi cette accessibilité à la culture.
Frédéric : C'est une personne, une femme (Stéphanie Migacz), elle-même sourde, dont le métier est d'être guide conférencière. Donc en fait, le Beffroi d'Arras, pour faire connaître les places, bien sûr, expliquer (avec la présence d'un interprète) pour les entendants qui viennent visiter, parce que la visite est en LSF, pour faire toujours le pont entre les sourds et les entendants, et pour connaître l'histoire d'Arras en langue des signes.
Parce qu'il y a beaucoup de personnes qui habitent Arras, qui disent « oui, je connais Arras, mais qu'est-ce que c'est ? »
Il y a beaucoup de choses à connaître de l'histoire de la ville d'Arras et que les sourds ne connaissent pas forcément.
Et par exemple, c'est une conférence sur le patrimoine de la communauté sourde, qui signifie que la communauté sourde est là. Il y a la communauté des personnes entendantes, et c'est souvent c'est un peu tabou : il y a des choses qu'on ne voit pas.
Alors qu'en fait, le monde est très grand, il y a beaucoup de choses qui sont invisibles mais qu'on ne voit pas.
Et c'est important aussi de les montrer par le biais de ces conférences, de ces visites, comment vivent les personnes sourdes, qu'est-ce qu'elles subissent. C'est important aussi de montrer ce genre de choses.
Laura (PFM) : Si j'en reviens aux conditions qui ont fait annuler le Gestival : moi, j'avais été un petit peu interloqué par le prix, en fait, de chacune des manifestations, ou du prix sur trois jours. Alors peut-être aussi parce que je ne m'étais pas renseignée sur d'autres festivals, parce que j'ai vu que les prix, finalement, étaient assez similaires.
Est-ce que ce n'est pas une des raisons ? Est-ce que les gens n'ont pas le budget, peut-être, pour venir ?
Frédéric : Il y a cette raison-là, bien sûr, au niveau financier. Les enfants de moins de 12 ans, tout était gratuit. C'était quand même accessible pour les enfants.
Il y avait quand même cette chose-là. Après, il y a des forfaits qui existaient pour venir, des forfaits à 20 euros la journée. Il y a des choses aussi qui devaient être payantes parce qu'il faut payer les artistes, il faut payer les gens qui viennent, il faut payer l'hébergement, il faut aussi les nourrir.
C'est aussi une charge pour l'association. Avant, on essayait parce qu'on avait des subventions qui pouvaient suivre. Les associations ont aussi besoin d'argent pour le fonctionnement.
On a besoin aussi de subventions pour pouvoir proposer des choses.
Après, c'est sûr que les personnes veulent toujours que ce soit gratuit.
C'est difficile de proposer ça si on n'a pas l'aspect financier qui peut suivre derrière.
Laura (PFM) : Une chose à laquelle j'avais pensé, je me suis demandé pourquoi, s'il n'y avait pas de subventions qui suivaient, pourquoi ne pas faire plus petit avec moins d'événements sur une moins longue période ?
Frédéric : Oui, alors c'est vrai que les éditions précédentes, en fait, ça a toujours été sur trois jours.
Et il y avait des subventions, donc on pouvait suivre, en fait.
Et c'est vrai que là, les politiques ont changé au niveau culturel, au niveau de l'État.
Donc forcément, pour nous, c'était un peu un choc, une surprise.
On pensait que ça allait, et en fait, non. Il y a plein d'autres villes aussi, comme la Ville d'Arras, où les festivals ferment, où il n'y a pas de choses, des choses qui sont annulées.
Nous, on pensait que ça irait. En fait, finalement, non. Et c'est pour ça, c'est surtout à cause des financements qui ne suivent pas, en fait, au niveau des politiques publiques.
Et c'est lié, forcément, parce qu'il y a le fonctionnement du Gestival.
Je vous disais tout à l'heure, il y a trois piliers.
Et donc, on a besoin aussi des financements publics et du public.
Laura (PFM) : Avant, Trèfle, c'était aussi un centre de formation. Est-ce que ça aurait pu contribuer à aider justement à financer le Gestival ?
Christian : Oui, alors c'est vrai que c'est différent. C'est deux choses différentes. Le centre de formation, nous, c'est surtout l'argent qui est rentré pour payer les salariés. On ne peut pas prendre les subventions d'un festival ou d'un centre de formation pour payer le Gestival. Là, il y a des enveloppes différentes, bien dédiées. On ne peut pas mélanger les financements.
Laura (PFM) : Bon, pour les auditeurs qui nous écoutent, on va quand même avoir une vision un peu plus optimiste dans la suite de l'interview…
Frédéric : Oui, alors c'est vrai qu'au niveau administratif, en France, il y a toujours des papiers, il y a toujours des normes, il y a toujours des choses qui évoluent et qui sont de plus en plus contraignantes. C'est sûr que ce n'est pas évident. Ce n'est pas que pour nous. C'est des évolutions, je suis désolé, mais au niveau politique, c'est souvent ça, c'est des contraintes.
On doit aussi écouter en tant que citoyen les associations, les bénévoles, tout ce qu'elles font, qu'est-ce qu'elles essaient de mettre en marche.
C'est important aussi de montrer ça, de valoriser ça. Et du coup, comme on ne se sent pas valorisé, pas soutenu, du coup, forcément, c'est compliqué.
Et donc, au bout de deux, trois ans, les associations ferment, les festivals ferment et du coup, on s'inquiète un peu comment va être l'avenir si les choses ne peuvent pas se faire grâce aux associations.
Laura (PFM) : Et l'association, justement, continue quand-même de fonctionner. On parlait tout à l'heure aussi des ateliers au Rat Perché, notamment.
Frédéric : Oui, bien sûr, il n'y a pas que le festival, on fait d'autres activités, il y a des choses qui vont se poursuivre. L'association n'est pas finie, bien sûr non.
Laura (PFM) : Est-ce qu'on peut en parler peut-être, justement, de ce qui se fait à côté ?
Frédéric : Alors par exemple, si on revient un peu en arrière, la dernière fois c'était au mois de mars. Il y a eu un café-signe, je ne sais plus exactement la date, mais il y a eu un café-signes. Récemment, on devait faire le Gestival, qui ne se passera malheureusement pas.
Christian : La prochaine chose qu'on va faire, c'est en juillet un nouveau café-signes et une conférence aussi avec un banquet à la rentrée. Donc ce sera une conférence culturelle avec un doctorant sourd qui s'appelle Yann Cantin. Normalement il devrait venir pour faire une conférence sur l'histoire auprès du public pour leur donner un peu plus de savoir, de connaissances sur l'histoire.
Laura (PFM) : On peut espérer éventuellement une nouvelle édition du Gestival, peut-être en 2026 ?
Frédéric : On l'espère, oui. On espère bien sûr le retour d'une nouvelle édition. Après, ça va dépendre. Est-ce que ça sera sur trois jours ? Est-ce que ça sera un programme d'une journée, d'une demi-journée ?
Ça va dépendre de la situation, comment vont être les subventions dans les années à venir. On le sait, la vie est chère, tout est cher. C'est un peu compliqué de savoir comment ça va se passer.
Laura (PFM) : Oui, puis il faut rappeler que ça repose aussi sur des épaules bénévoles, donc vous avez aussi d'autres activités à côté.
Christian : Oui, tout à fait.
Il y a le festival, sans bénévoles, ce ne serait pas possible d'organiser quelque chose.
Et puis aussi, il faut nourrir justement ces bénévoles, il faut leur donner des choses.
Nous, on les remercie de tout leur soutien, tout ce qu'ils ont préparé avec nous.
Laura (PFM) : Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il y a une plus grande ouverture de la communauté sourde sur la communauté entendante, et vice-versa en fait. Qu'est-ce que vous en pensez ? Ça passe notamment peut-être par les cours de Langue des Signes aussi dans les lycées et collèges, peut-être aussi par les médias justement qui mettent en lumière aussi, je pense à Médiapi, je pense à l'Oeil et la main.
Frédéric : Il y a Médiapi aussi, bien sûr, qui existe. Il y a beaucoup de personnes qui ouvrent leurs yeux à la LSF. Et tant mieux. Notamment depuis le Covid, la société a changé. Il y a un nouveau regard.
Avant, on ne faisait pas forcément attention à la présence de la langue des signes. Et avec le Covid, il y a une sorte de réveil. Il faut faire des choses, il faut des interprètes pour la communication, pour le relais des informations, etc.
Et on a quand même pris beaucoup de retard. Parce que le Covid, c'était 2019-2020.
Tout ce qui s'est passé avant et qu'on n'a pas fait, c'est dommage.
Alors bien sûr, l'accessibilité, ça dépend. On est toujours en train de se battre à l'association, avec des partenariats, bien sûr, d'autres associations. On travaille toujours pour discuter, pour échanger, pour poser différents points. Ce n'est pas moi qui fais, ce n'est pas nous qui faisons seulement. C'est aussi chacun a ses problèmes. On essaie tous ensemble de réfléchir. Il n'y a pas de limite, en fait. C'est pour les petits, pour les seniors. Créer une rampe d'accès pour les personnes en fauteuil roulant. Tout le monde a des besoins, toutes les personnes handicapées. Ce n'est pas juste pour nous, c'est une activité qui est importante pour tout le monde.
Laura (PFM) : On parlait aussi du cinéma tout à l'heure, avec le sous-titrage de certains films.
Frédéric : Alors par exemple, il y a des films français… “Un p’tit truc en plus” : c'est un film français qui n'a pas été sous-titré, qui n'a pas été proposé sous-titré. Alors il y a plein de monde qui est allé voir ce film, c'est un film sur le handicap, il y a des comédiens talentueux, etc.
Mais les personnes sourdes, c'est dommage, elles n'ont pas pu le voir. Les personnes handicapées, les comédiens eux-mêmes n'ont pas eu de prix, c'est dommage, mais les personnes sourdes n'ont pas eu accès à ce film, c'est dommage aussi.
C’est pareil, il n'y a pas eu non plus de prix qui a été décerné pour ce film.
Là il y a eu la cérémonie des Molières, là très récemment, il y a 2-3 jours, Emmanuelle Laborit était présente, parce qu'il y a 30 ans, en 1993, elle a reçu le Molière de la révélation féminine.
Là elle était présente pour remettre le prix, et bien en fait, il n'y a personne depuis elle. Depuis 1993, il n'y a pas eu de nouvelle révélation sourde.
Laura (PFM) : Je me demandais où en était de l'accessibilité sur Arras ?
Frédéric : On progresse. À la Ville d'Arras, on progresse. On peut dire oui, on progresse quand même. Nous, avec l'association NF, on va à différentes commissions, on discute avec la Ville d'Arras, on travaille ensemble, en partenariat, on fait des choses ensemble. On ne lâche pas pour que toujours les choses soient proposées.
Laura (PFM) : Où est-ce qu'on peut retrouver les informations pour vous contacter, pour être bénévole ?
Frédéric : Alors en fait, il y a un site internet, ou alors sur la page Facebook, ou sur Instagram aussi, tous les réseaux sociaux classiques. On peut se contacter par mail, selon les besoins. Nous c'est vraiment une association pour le culturel, après bien sûr pour l'accessibilité des personnes sourdes, pour la communauté sourde, pour répondre aux besoins et répondre à ces adaptations.
*Musique* (5 sec) Dominique Dalcan - Run Around The Block
Christian : C'est un peu dommage pour le Gestival, on a bien voulu être plus fort
et pouvoir proposer un vrai festival.
Frédéric : Nous, à l'association Sign’up, on regarde les artistes sourds et on aurait voulu les valoriser. C'est qu'on s'inquiète aussi pour ce milieu culturel sourd.
Christian : c'est dommage qu'on ait pu faire ça.
Il faut penser aussi aux autres. Il faut les soutenir, les autres associations qui font aussi des choses. Il faut soutenir la communauté sourde en général.
Il ne faut pas se dire que ça va être une réaction en chaîne et que tout le monde va fermer.
Il faut que les gens prennent conscience et qu'on protège la communauté sourde.
Il y a toujours du lien entre les différentes associations pour se soutenir les uns et les autres.
*Musique* (5 sec) Dominique Dalcan - Run Around The Block
Laura (PFM) : C'était un entretien avec Christian Beugnet, président, et Frédéric Flament, trésorier, de l'association Sign’up.
Ensemble, nous parlions de l'annulation du Gestival, festival culturel bilingue en langue des signes française (LSF) et français, dont la quatrième édition devait se dérouler les 29, 30 et 31 mai prochains à Arras.
On en a profité également pour aborder quelques notions culturelles autour de la surdité et de la Langue des Signes Française (LSF). Une interview traduite en direct par David Lobry, interprète en LSF dont vous entendiez la voix.
Pour plus d'informations sur l'association Sign’up, rendez-vous sur leur site internet :
Vous pouvez aussi les contacter par mail à assosignup@gmail.com
*Musique* Dominique Dalcan - Run Around The Block
