LE POEME PROVISOIRE DE SYLVIE NEVE TUMULTES
JANVIER 2006
samedi 21 janvier 2006, par
Du Tumulte dans les Contes de fées !
Peau d’âne, poème expansé, poème provisoire de Sylvie Nève, 3me mardi de janvier 2006.
Résumé des chapitres précédents :
Le Roi, le père, accepte le marché : il fait saigner l’âne, son cher âne, pour épouser sa fille, la Princesse...
Il était une fois, argent, magnificence
il était une fois, le sang d’un âne, pleine peau
il était une fois, pire, peur, dsir
il était une fois souillure, pleine crasse
il était une fois...
Le rare animal est tu
dpec sur le champ.
Et l’on amena la jeune princesse
non moins crmonieusement que les trois robes
la peau grise et souille, te l’ne mort,
la pauvre dpouille, la peau de l’ne
qu’elle avait demande...
Cette peau d’abord terriblement l’pouvanta.
Mais sa marraine lui fit voir
comme la dpouille de l’ne tait un masque admirable !
Cachez-vous donc, ma filleule,
cachez-vous dans cette peau,
on ne croira jamais, tant elle est effroyable
qu’elle renferme rien de beau !!
Pauvre princesse n’eut pas le choix
devenait tout soudain rien de beau...
D’abord terrible
peau
cette peau terriblement
l’pouvantait .
Qu’avait-elle fait ?
Qu’avait-elle voulu ?
Qu’avait-elle obtenu ?
La peau de l’ne
la peau ses pieds
saigne encore.
Et dsormais
cette peau entirement
elle doit s’en recouvrir
et se cacher
et se sauver.
Pauvre princesse n’a pas le choix
devint d’un coup rien de beau.
Cette peau, c’est dit
elle doit s’en recouvrir et s’enfuir.
Pauvre princesse n’a pas le choix
devient d’un coup rien de beau.
Maintenant elle doit s’enfuir
ainsi dguise, au moins fuir.
Curieux quipage
quipe lointaine
accoutrement tout de poils
fuir au loin
dans l’habit de bte
s’en aller, et vite
dans la fourrure sans grce
loin
rendue mconnaissable.
La fe des Lilas n’est pas aveugle
le beau visage de sa filleule est fard
de peur et chagrin, gris, bien gris.
Elle s’empresse de l’embrasser et choisit d’adoucir
l’infortune de la jeune princesse
d’un coup de baguette magique
elle fait sortir du sol une malle
qui s’ouvre grand : l’une aprs l’autre,
les trois robes de la princesse
se dressent et s’approchent
saluent l’infante dans un soyeux froufrou
rentrent toutes seules dans la malle
et se plient de bonne grce,
miroir et bijoux les y rejoignent.
La malle vous suivra sous terre
et ma baguette magique vous accompagne
un seul coup sur le sol fera surgir
la malle et vos robes chaque fois
que vous le souhaiterez .
Et maintenant, partez, partez vite
mon enfant, votre pre s’apprte
vous faire chercher,
partez.
La peau de l’ne recouvrant la princesse
l’enveloppe et la dissimule toute ;
la tte de l’ne fait une curieuse capuche
qui cache aussi l’avant de son visage
qu’on serait bien en peine de reconnatre.
On serait bien en peine de reconnatre la princesse
on serait bien en peine de reconnatre une princesse
juste une silhouette grise qui sort du chteau
se sauve dans la brume et le petit matin.
Pendant ce temps, au chteau le Roi s’apprte
se marier
et mande chercher sa jeune fiance.
Valets, servantes, chevaliers
bientt tous au chteau cherchent princesse :
Princesse ! Princesse !
mais, las, disparue la princesse.
Ma fillance, ma fillance
retrouvez ma fillance !
On la cherche partout
elle a disparu
et les trois robes, et la peau de l’ne...
Mon ne, oh mon cher ne !...
Nul parfum, nulle trace
plus de fiance, plus d’ne.
Le roi pleure, les courtisans pleurent
le repas de noces fond dans les larmes.
Pendant ce temps, l’infante va tristement
sans se retourner, elle poursuit son chemin
rsolue, elle ne s’arrte pas
traverse les champs, les forts
le visage couvert d’une vilaine crasse.
Dans les villages, elle tend la main
qumande manger, ou travailler.
Mais tous reculent la regarder
on s’carte sur son passage
personne ne veut d’elle
mme les plus rudes paysans et les moins riches
la voyant si maussade et si pleine d’ordure
rpugnent prendre leur service
une si sale crature.
Et elle avanait, toujours plus sale et plus triste
essuyant les quolibets et sa crasse
d’un revers de main, revers du destin
las, princesse chue, et la rise.
Qui ne s’esclaffe son passage ?
Moque par les gamins qui la poursuivaient
et jetaient sur le pauvre pelage
des voles d’orge et d’injures.
Ah la sale !
Oh la vilaine
gueuse !
Venez voir
venez voir :
l’ne
est une cochonne !
Hi-han
Hi-han

Suivre les commentaires :
|
