La merveilleuse histoire de Radio PFM

Culture 12 mars 2022
provisoire
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'histoire de PFM sans jamais avoir osé le demander...

Aux origines de PFM… Petite histoire de Radio Provisoire, dans le mouvement des radios libres…

L’histoire de Radio PFM s’inscrit dans celle, plus vaste, des mouvements sociaux et culturels de la France de Mai 68 et de l’Après-mai.
Au cours des années 60 et 70, la société bouge et bouillonne dans un contexte général qu’elle ressent comme verrouillé et rétrograde, contestant les promesses consuméristes des Trente glorieuses.

Tout est mis en question : le travail (contenu, buts), la société autoritaire, les rapports femmes-hommes, l’éducation et la culture, le militarisme,… C’est le temps des mouvements sociaux : mouvements de la jeunesse, des femmes, des travailleurs et des paysans-travailleurs, de l’écologie, … Ces mouvements sociaux sont à la recherche de nouveaux moyens et formes d’expression, face au monopole d’État qui règne sur l’audiovisuel.

Or, il existe une technologie simple, accessible et facilement appropriable par des collectifs locaux : conviviable (au sens de V. Illitch). C’est celle correspondant à la radio hertzienne en FM. C’est ainsi que naîtra le mouvement des radios libres (et l’éclosion de la presse écrite alternative et de la contre-culture). De nombreuses radios libres apparaîtront dans tout le pays en proie à la répression et aux saisies de matériel jusqu’à ce que le pouvoir politique, à partir de 1981, déroge au monopole d’État.

Ce mouvement des radios libres correspond aussi à une période où activistes « gauchistes » et « écologistes » recherchent de nouvelles formes de militantismes.
C’est le cas à Arras où s’opère, à la fin des années 70, un regroupement de gens issus de la gauche extra-parlementaire, du syndicalisme autogestionnaire et de l’écologie. Ce collectif se reconnait dans l’aspiration des radios libres et participe aux coordinations régionales, d’autant plus que des arrageoi.es ami.es sont actifs dans la radio en pointe dans la lutte, Radio Libre 59.

Le collectif arrageois décide de se lancer dans l’action et de réaliser, le jeudi 11 juin 1981, une « émission 0 » à Arras (la première du Pas de calais), en collaboration avec Radio Lille 80 et Radio Quiévrechin, accompagnant une candidature « écolo-gauchiste » aux élections législatives qui porte la revendication de libération de la bande FM du monopole d’État. Il est choisi de mettre cette émission 0 sous l’intitulé de « Radio Provisoire ».

Le mot « provisoire » plaisait bien au collectif et, surtout, il voulait indiquer que la radio associative à naître devait dépasser le cadre restreint du départ.

En juillet 81, l’association est créée et déclarée en Préfecture d’Arras. Son nom : MEDIA (Mouvement d’expression Des Initiatives Audiovisuelles). Elle a la charge de gérer… Radio Provisoire ! Les adhérent.es choisissent en effet de garder ce nom ! Progressivement, il deviendra Provisoire FM puis simplement PFM. Une poignée d’enthousiastes se lancent dans l’aventure de la bande FM. Un émetteur d’emprunt, bricolage et bidouillage, idées en vrac et choses à dire, Radio Provisoire, première radio libre du Pas-de-Calais, fait irruption dans les transistors arrageois. Et vive l’expression libre !

logo pfm vintage

De la libération de la bande FM à sa libéralisation…

Après l’éclosion dans toute la France de centaines de radios associatives (sur un quartier, un village ou une ville), la bande FM devient un véritable espace de liberté pour faire entendre passions, révoltes et les musiques d’ici et d’ailleurs. La gauche au pouvoir adopte la loi du 9 novembre 1981 qui supprime le monopole public en matière de radiodiffusion. Les radios seront associatives, locales, non commerciales et non publicitaires : ce qui correspond parfaitement à Radio Provisoire !

La loi du 29 juillet 1982 sur la communication audiovisuelle redéfinit les rapports entre l’État, la radio et la télévision. La Haute Autorité de l’audiovisuel est créée et attribue autorisations d’émettre et fréquences. Radio Provisoire sera ainsi autorisée.

Mais les appétits marchands sont puissants et font pression : le pouvoir politique cède et ouvre la porte à la publicité. La bande FM est livrée à la commercialisation. Des irréductibles résistent. Ceux-là sont attachés à la liberté de parole, à l’indépendance et à la communication de proximité. Ces radios-là refusent la marchandisation, la publicité et le formatage musical. Elles défendent un fonctionnement associatif et une culture vivante.

Coûte que coûte, Radio Provisoire devenue PFM garde ce cap ! Et elle n’est pas seule : plusieurs centaines de radios associatives dynamiques sont très actives en France remplissant leur mission de « communication sociale de proximité». En région Hauts-de-France, elles sont regroupées dans la FRANF (fédération des radios Associatives du Nord de la France).


Plus de soixante animateurs et animatrices de PFM, solidement ancrée dans la réalité arrageoise, partagent leurs passions musicales, littéraires et culturelles, développent l’information critique et les témoignages, animent des ateliers d’expression radiophonique (dans les quartiers, les écoles, la fac, les prisons, …) : plus que jamais, PFM, un média libre et alternatif !

déménagement


À LIRE
On vous recommande vivement la lecture du dossier de la revue, « L’Abeille », qui a consacré à l’histoire de la radio en Nord-Pas de Calais un dossier très riche (avec un article sur PFM…), dans son numéro 13 de décembre 2009. Pour consulter le document, Abeille 13



À ÉCOUTER

Archives sonores :

* émission 0 de Radio Provisoire

Partie 1

Partie 2

*émission L’Intempestive (sur l’histoire de PFM)